Jamais au grand jamais Chanel n'avait eu l'envie d'avoir un enfant, mais c'était arrivé. Lena était arrivée et montrait déjà le même caractère de merde que sa mère. Comment dit-on, déjà ? Crachez en l'air et ça vous retombera dessus ? Eh bien c'était un peu le même topo. Tous les matins, à cinq heures tapantes, la petite commençait à brailler comme une folle. Enfin, ça commençait comme avec certains réveils.. Ça commençait doucement, et puis ça augmentait progressivement, infiltrant votre sommeil calme comme un poison. Chanel, en bonne dormeuse, ne supportait pas ça, mais avait-elle un autre choix que celui de se lever ? Oui, parfois elle envoyait Chuck, mais ce matin là, en tapant le lit à côté d'elle, elle n'y trouva personne. Merde. Il devait être dans le lit d'une jolie femme dieu seul sait où. Cela ne gênait pas la jolie blonde, elle s'en fichait comme de l'an quarante.Ces deux là, ils fonctionnaient comme ça. Lui s'occupait de la petite quand Chanel n'était pas là, et inversement. Chacun couchait avec qui il voulait, et ils étaient bien comme ça, emmerdant avec plaisir leurs parents. Le problème était le fait d'être devenu parents. Ça c'était beaucoup moins pratique pour vivre comme des adolescents. Elle se résolu donc à se lever pour se rendre dans la chambre d'à côté pour trouver Lena tentant vainement de faire passer sa jambe au-dessus de la barrière de son petit lit. Chanel ne put s'empêcher de sourire devant l'air déterminé de son ange qui avait remplacé les larmes qui coulaient encore sur son visage quelques secondes avant. En nuisette, elle prit sa fille dans ses bras. « Alors ma chérie, toujours à l'heure, ein ? » Le sourire mouillé qu'elle a adressé à Chanel a illuminé sa journée. Non, elle n'avait pas voulu de gosse, mais contrairement à son père, jamais elle ne renierait ses enfants. Elle aurait pu avoir trois bras qu'elle l'aurait accepté. Elle l'a amené à la cuisine et elles ont toutes les deux mangé, Lena lançant quelques bouchées au visage de sa mère pour le plaisir de le voir râler, certainement. Après ce fut l'étape salle de bain pour les deux aussi, et elle se sont reposées devant la télé. Enfin, Chanel a tenté de se reposer encore un peu, car sa fille était parfaitement réveillée et avait apparemment besoin de dépenser son énergie accumulée pendant la nuit. A neuf heures et demi, Chanel s'est résolu à emmener sa fille en balade. Beaucoup trop de résolutions au goût de la jeune femme en quelques heures ! Mais c'était la vie, sa vie, maintenant.. Et si elle ne l'avait pas choisi, elle devait quand même l'assumer..


Quelques minutes maintenant que Chanel et Lena se baladaient au parc. Cette matinée semblait horriblement banale à Chanel. Trop de simplicité, trop de moments complices. Trop de normalité et trop peu de contrôle bien plus amusant. Lena a réclamé à sortir de la poussette et sa mère a accepté. La petite s'est alors accrochée au côté de l'engin et Chanel a bien ralentit la cadence. Trois semaine qu'elle avait fait ses premiers pas seulement et la voilà qui voulait tout le temps marcher. Un air résolu sur le visage, le même que quelques heures plus tôt.. La jeune femme craignait déjà l'adolescence de sa si douce enfant.. Et BIM ! Un type qui fonce dans la poussette et qui fait tomber la blondinette. « Ça va la puce ? » Chanel lança un regard furibond au mec qui avait renversé sa fille. « Je suis désolé. » Elle reconnu immédiatement le beau gosse qui se tenait devant elle. A vrai dire, elle se demandait encore pourquoi elle n'avait pas couché avec lui. Après tout, un simple regard et il ferait ce qu'elle voulait.. Même ce matin elle pourrait, mais cette banalité n'avait pas besoin d'un coup de baguette magique, mais d'une claque. C'est ce qu'elle offrit à Ezechiel. Il la méritait. « La prochaine fois, faudra faire gaffe où tu mets les pieds ! » Elle le tutoya sans gêne. A vrai dire, elle tutoyait à peu près tout le monde, ça en dérangeait certains, d'autres s'en fichaient. Elle était comme ça. Elle s'empressa ensuite de prendre la petite dans ses bras pour la rassurer. La scène ne dura que quelques instants, mais cela la revigora.